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Paroles Plurielles
30 avril 2008

16. Toi que j'aime et que je lis (MTh. P)

Toi que j'aime et que je lis ,

On a nos univers, nos grappes de connaissances et d 'alliances familières. On ne s'aventure jamais trop loin du vocabulaire dans lequel on a construit notre petite entreprise de résistance aux bris de vie. Le bruit que nous produisons ne nous rapporte que l'écho de proximité. Il nous déborde pourtant,  de temps à autre. Chaque excursion dans d'autres sphères du réel, ne serait-ce que dans le livre d'un voisin de parole nous demande un mouvement qu'il nous faut consentir. C'est parfois impossible et nous en souffrons. Tu me témoignes de l'attention et je te la rends à la mesure de ma sympathie et de mon temps disponible. Je n'ai pas besoin de te rencontrer pour l'instant. Cependant , je voudrais ne jamais déroger à cette belle invention du contre-don.  J'accepte pourtant l 'usure du désir dans le bien-faire,  je voudrais abaisser la hauteur de l'obstacle quand les forces nous manquent, pour ne pas sombrer dans la culpabilité, la honte ou le dépit. Renoncer à donner ou à rendre n'est pas facile dans un  monde qui a exilé la gratuité dans les catacombes de sa peur de l'avenir. Mais je ne crois pas que la situation ait vraiment changé depuis la nuit des temps. D'ailleurs , j'aime bien cette expression « la nuit des temps », on pourrait dire éternité , mais tant qu'on n'y croit pas, on peut toujours n'en retenir que l'hypothèse. « Ça ne mange pas de pain »  comme on dit !

Peur de mourir. Peur de vivre.

Peur de ne pas manger à la table des rescapés.

Aujourd'hui, je te regarde me regarder.

Je n'ai pas peur, même si je sais où ça mène, dans les grandes lignes.

Quand j'aurai peur, je te le dirai.

Le vent aujourd'hui m'a paru inquiet. Mais il s'est calmé.

Je t'embrasse les mains.

Ton amie d'argile

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Commentaires
C
Ton texte est profond et il me semble que je le comprends bien, il me fait écho de l'intérieur...
C
J'aime beaucoup cette écriture profonde et mystérieuse qui m'emmène je ne sais où.<br /> Tu ne me vois pas te lire et tu ne vois pas mes points d'interrogations et d'exclamations!Cela n'a pas d'importance.Moi,je serre ta main d'argile: c'est la main d'une artiste.
M
Tu danses, agile dans ta voix et je m'embarque souterrainement sous tes eaux phréatiques. Un jour ou l'autre tu sais, la question de la soif s'étanchera, dans un nouveau poème ruisselant j'imagine. Quand je t'écris, je rejoins le minéral absolu de ma tendresse,entre la perle d'eau et la grotte sonore. J'aime la lueur de tes visites hypothétiques et toujours espérées...Je t'attends .
C
Nullement intrigué, je me suis lu. Et à se lire, la solitude est rendue plus belle encore.<br /> Mon rythme est une lente progression constante vers toi. Les repères se créent dans l’instant sans pouvoir être anticipés. Mon seul véritable mouvement intérieur est celui des mains de mes pensées qui se tendent vers les tiennes.<br /> <br /> Le corps est tout autant la prison que le seul moyen de s’évader. J’ai une fluidité intransmissible qui goutte-à-goutte creuse dans le sol de mon identité ma future tombe. J’ai beau te regarder, ce mouvement inéluctable m’éloigne de toi. <br /> <br /> Mais cet éloignement est un trompe-l’œil ; à me dissoudre, je t’accueille. Tu es le goutte-à-goutte qui s’instille en moi. L’instant me grave l’intérieur.<br /> <br /> Je laisse les mots en suspension.
M
J'aime te voir intrigué(e) par mes propos. Et je t'en remercie très affectueusement. Tu ne peux pas tout comprendre parce que tu ne me connais pas, et que tu ne peux pas facilement te représenter ce que je vois par ma baie vitrée en ce premier Mai. Tu ne peux pas non plus te douter de ce que je conserve en rires et en émotions dans les petites baraques provisoires de mes mots. Je voulais juste te dire que ce sont tes réponses qui m'importent, bien plus que mes questions qui sont toujours les mêmes au fond de mes greniers vitaux. Ne t'imagine pas autre chose que ce qui a du sens pour toi, je ne te le reprocherai jamais . J'espère aussi que tu vas tout réinventer pour t'éloigner de ce que je te dis sans te retourner. Je pointe mon index vers ce qui t'attire et que je ne connais pas non plus. J'aime ce geste : Va ! Je reste là, assise et tranquille, à méditer sur la natte des hauts silences. Je ne te l'ai pas encore dit : ce qui est formidable lorsqu'on écrit à quelqu'un, c'est de le faire à son rythme, sans bruit dérangeant, et dans la certitude que la solitude est totalement vouée à son point de ralliement : l'autre ! Toi, Lui, Elle... et Moi par prouesse parfois utile de boomerang. Laisse-toi lire comme je laisse écrire. Je ne construis rien de solide, je n'envisage que des architectures de bien-vivre.<br /> Tu vois bien à présent pourquoi j'aime bien quand je m'appelle pour toi :<br /> <br /> Ton Amie d'Argile. <br /> <br /> On en reparlera.<br /> A te lire afin de savoir mieux t'écrire. <br /> Surtout ne t'en prive pas.
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