Demain (Pivoine blanche)
La voie lactée m’ouvre ses portes
Si ce soir, je choisissais la liberté
Alors, peut-être, la retrouverais-je
Des soirs, des soirs à la file
Je me couche dans mon lit sans barrières
Une silhouette, ma mère,
Se penche vers moi pour m’embrasser
Puis, sévère, me fait répéter mes prières…
Demain je n’irai pas à l’école
Je sens bien que j’ai mal partout
C’est la fièvre,
La fièvre qui déforme tout ce que je regarde
Les bouquets et les personnages
Dans la pièce
Les ombres célestes
Et les célestes inquiétudes
Demain s’il n’y a pas d’école
Il n’y aura pas le froid
Ni le chantier d’à côté ni ses violents éclairages
Ni ses coups de marteau et de pioche
Demain, il n’y aura pas d’aube rose de décembre
Ni de lever du soleil
Tardif et somnolent
Pas de solstice d’hiver demain,
Si ce n’est le solstice merveilleux de mon coeur
De mon antre
De ma chambre
Mon univers
Ma pyramide
Et l’immensité du ciel étoilé que je porte dans moi…
Demain, demain,
Je ne la verrai donc pas ?
Petit garçon perdu sans la Demoiselle Douce…
Sans mes copains
Le Gégé avec ses olipos
François avec ses billes et ses images
Laurent le magnifique
Et Sébastien aux cheveux de jais
Et puis les filles
Qui nous épient d’un œil curieux
Demain, je ne verrai pas Mademoiselle Douce
Mais je verrai la mine rassurante du Docteur
Et celle, plus attentive encore de ma mère
Demain
Demain
Je vois tant d’étoiles que mon sommeil s’embue
Et que mes yeux papillonnent…
Demain je n’irai pas à l’école…