Messieurs les infirmiers (Elvire)
Le jour s’étiole en longs pétales mauves ; messieurs les infirmiers, il est temps de décacheter les flacons de narcotique et de fermer les persiennes !
La nuit s’avance et le fou rêve ses jumeaux infirmiers figées comme deux oiseaux de proie désarmés.
Toute la journée il a déambulé dans les couloirs du pavillon en hurlant ses préceptes incohérents, le soir venu, il a cedé et avalé ses cachets bleus, et puis les roses et les petits triangles verts.
Maintenant, il vous tient tous, messieurs les infirmiers : statufiés, bras tendus, hommes ou femmes sans visage, l’un valant l’autre, blouses blanches traversant son univers coloré pas plus qu’un lointain éclair dans un lointain brouillard.
Le jour pour lui, la prune remonte à l’arbre duquel on l’avait cueillie, les chaises parlent, les moutons moutonnent, des papillons sortent de sa barbe et son cerveau moussu, il voit ce que personne ne voit, entend ce que personne n’entend.
Demain matin sera un autre jour : renvoyés au musée Grévin, messieurs les infirmiers !
Lui, prend la clé des champs…
Il retourne à son poste de gardien de musée …