Discrètes dionysies (Vertumne)
Au matin, le verre était vide. Mais c'était après les songes.
Dans cette infime seconde où la nuit hésite encore, sans savoir qu'elle basculera soudain vers l'aube, en ce temps où la brume revient, comme une lente malédiction, envelopper les jardins ou les décombres, quand l'entêtant murmure du fleuve rappelle aux femmes qui s'éveillent que les hommes sont partis en mer, ou à la guerre, ou vers d'autres épousailles.
C'était après les songes.
Dans cet instant où l'oiseau inonde l'air du souffle de ses ailes, où la main quitte la peau palpitante de l'aimée et où, par les fenêtres entrouvertes, le frémissement des feuilles rejoint le grondement des canons.
Le verre était vide. Mais vide de quoi ? Il aurait donc été plein avant les rêves ? Et bu en une onirique bacchanale ?