Vol 3333 pour la famille PRITCHARD (Pivoine Blanche)

Monsieur Pritchard s’épanouit d’aise.

Les voici –enfin- à l’aéroport. Consécration de toute une vie de flons-flons sur les routes et dans la rue, tandis que pleuvaient les œufs peints ou pourris, les tomates et les crochets, la renommée est enfin venue. Vive l’impresario! Vive la scène. Eh! l’Olympia, dites donc! Ce n’est pas rien! Et maintenant, Beautyworld! Plus Monsieur Pritchard est heureux, plus les pointes de sa moustache, dûment cosmétiquée, frisent vers le corsage rebondi de Madame Pritchard.

Madame Pritchard, sanglée dans sa guêpière, ne peut que résister à toutes les gâteries qu’elle a longuement couvées du regard, dans les boutiques free-tax de l’aéroport. Hélas! Plus de croissants tièdes au beurre, aujourd’hui, plus de pâtisseries fondantes, plus de café brûlot, pas de glace moelleuse, pas de pizza aux oignons… Madame Pritchard, même si elle se réjouit pour Monsieur Pritchard, regrette un peu le temps où personne ne se préoccupait de son gracieux embonpoint. Que ne donnerait-elle pour une part de gâteau au chocolat! La tomate cerise, le jus de céleri, le thé sans sucre et les deux biscottes du petit déjeuner font un souvenir sans consistance. Elle soupire, ravale son soupir. Oh! Un cacao crémeux et épicé, qui lui rappellerait les veillées d’Espagne et de Navarre.

Monsieur Pritchard Junior est cool. Jusqu’à hier, il a craint que le père vienne fouiner dans son petit bizness. Mais non, ça va! Désormais, le maestro est bien trop occupé à faire l’important et bomber le torse. Ses petites affaires « rempotées » chez les copains, il peut s’envoler vers Beautyworld, l’esprit en paix. Et quel prestige l’auréolera, à son retour!

Peut-être sera-t-il promu chef de bande?

Pour un peu, Monsieur Pritchard en oublierait son héritière! Ah! Mamzelle Pritchard, c’est « La discrète » de la famille... Longue tresse lustrée, maintien modeste, gants blancs et croix d’honneur à l’école… Personne ne la regarde. Pourtant, c’est elle que l’impresario a écoutée, un soir, à Madrid: cette voix, vibrante et sensuelle ensemble qui emplissait la nuit…

Monsieur Pritchard l’entend encore affirmer: « Un jour, la Señorita Pritchard sera une vraie, une grande cantatrice. »

Il y veillera.

Comments

[wictoria]

Moi j'ai eu faim en lisant cela !!!!

[Coumarine]

No problem, chère Pivoine...
On s'est expliquées là dessus ;-))

[Pivoine]

On fera mieux la prochaine fois ! Promis ;o)

[Coumarine]

Pivoine, comment dire..?
Ton texte est très intéressant, plein de réalisme dans la description des personnages, bien mené, et intéressant...
Alors...?
Ben tu t'es mis dans la peau des QUaTRE personnages, les uns après les autres, donc même si tu commences et finit par Monsieur P...la consigne n'est pas tt à fait respectée...
(quand je vous disais que la consigne était difficiiiiile!!)