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Paroles Plurielles
27 novembre 2006

Le meilleur des hommes (Sammy)

Surtout, bien rester sur les pavés. Ne pas marcher sur le sable. Non mais... je rêve ! Il était vraiment temps que ça s'arrête ! Un peu plus et je devenais comme lui Lui et ses problèmes, ses névroses, ses manies. Ses TOC ! Allumer la lumière pour vérifier qu'elle est bien éteinte. Revenir sur ses pas quatre fois, cinq fois, dix fois, juste pour s'assurer encore et encore que la porte est bien fermée. Faire une crise quand je ne egarde pas si le congélateur ne s'est pas rouvert tout seul. Et si ce n'était que ça. Ca resterait supportable. Mais non, monsieur cumule ! Il collectionne, il compile, il innove ! Il invente des tares auxquelles les psychiatres les plus doués n'avaient pas pensés. Marcher sur les bandes blanches, contourner les obstacles par la droite, faire le ménage toute la journée, prendre une douche toutes les heures ! Ne pas toucher un objet que quelqu'un a déjà touché, exiger que l'on prépare sa nourriture devant lui, se laver les mains cinquante fois par jour, porter un masque dans la rue ! Ouais, un masque, parfaitement. Pour éviter la contamination. Pendant cette histoire de grippe aviaire, j'ai cru qu'il allait me rendre folle. Je crois que c'est là que j'ai compris que je ne pouvais plus le supporter.

J'ai pourtant tout essayé. Tout. La thérapie comportementale, la psychologie cognitive, la psychanalyse, les cures de sommeil et même l'hypnose. Rien à faire. A croire qu'il se complait dans ses obsessions. Qu'il se pourrisse la vie si il veut, moi j'en ai ma claque. Qu'il en trouve une autre pour supporter ses délires. Moi c'est fini. Je veux fumer une clope quand j'en ai envie, pas en cachette. Je veux boire si je veux. Je veux inviter des amies sans être obligée de supporter son cirque. Non, parce qu'il fallait le voir, avec sa lingette désinfectante, en train d'essuyer tout ce qu'elles touchaient. A cause de lui, Véronique et Dorothée ne me parlent plus. Et ce repas chez mes parents ! J'ai cru qu'il allait faire une syncope. Ils habitent dans le Loir-et-Cher, mais quand même... Et ça c'est rien à côté du sermon de ma mère... la pauvre femme s'est fait des cheveux blancs à cause de moi. Maintenant que je l'ai plaqué, elle pourra vivre centenaire, c'est décidé...

Non mais quand j'y pense. Ce type est complètement malade. Son dernier truc, c'était les ondes nocives, il en voyait partout. Du coup, plus de micro-ondes, plus de portable, plus d'ordinateur. Si je l'avais laissé faire, on s'éclairait à la bougie. Mais sur la fin, il allait vraiment trop loin. Exterminer tous les insectes de la création passe encore, mais tuer les chiens blancs et les chats noirs, c'est trop pour moi. Surtout que les voisins commencaient à se douter de quelque chose. Les vieilles surtout. Je crois même que certaines ont  prévenu les flics. Mais je m'en fous. Désormais c'est son problème, plus le mien

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Commentaires
L
Je connais une personne de ce genre, même si elle ne va pas jusqu'à "tuer les chiens blancs et les chats noirs" (tu arrives à nous faire rire sur ce sujet pourtant pas marrant!), mais heureusement, je ne vis pas avec. Et je la plains.
M
J'ai peine à imaginer la patience dont il faut faire preuve pour vivre avec un "toqueur". Mais je me dis qu'ils souffrent probablement encore plus que leur entourage, surtout lorsque, comme c'est le cas dans ton texte, le malade élargit lentement le champ de sa dépendance.<br /> C'est très bien décrit Sammy, sobre mais efficace. Jusqu'à la perte des relations amicales, l'effroi de la famille, le départ épuisée de la femme aimée, et la solitude finale.<br /> C'est son problème, mais on a envie de l'aider ...
F
Très efficace! La description est parfaite ... je reconnais des gens ... Non mais, qui a parlé de miroir? Moi, c'est pas mon style! ... mais j'en connais qui ... On a envie de sourire, et puis, ce n'est plus si simple car ce type de TOC est plus que dur à assumer pour l'entourage! Une fois de plus une écriture qui fait mouche! Bravo!
P
Je l'ai lu une première fois, j'ai éteint l'ordinateur... et puis je l'ai rallumé pour le relire une seconde fois (juste pour être sûre), puis j'ai à nouveau éteint l'ordi, puis je l'ai rallumé à nouveau pour lire... encore.<br /> Là, il est vingt-trois heures trente-sept. Les yeux me sortent de la tête, j'ai la pulpe de l'index droit cloquée, je voudrais pouvoir éteindre cet ordi de malheur. Définitivement ! J'ai lu ce texte cent vingt-deux fois, je n'en peux plus !<br /> Aidez-moi, pitié !
P
Ce serait pas un peu exagéré tout de même? Plus j'avançais dans ton texte, plus je me sentais nerveuse, voire agacée.... Ouais, c'est sûr, je ne tiendrais pas longtemps!!
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