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Paroles Plurielles
2 février 2007

Rome (Cédric)

- Je suis resté une heure environ dans la salle de bain.
- Et vous n’avez rien entendu? Absolument rien?
- Non, j’écoutais de la musique. J’ai déjà tout raconté à vos collègues il y a trois heures, pourquoi ces questions, bordel de merde?

J’ai dû jeter un regard torve sur le carabinier qui se tenait debout à ma gauche car il me sourit et s’amuse de ma petite colère avec son collègue assis en face de moi devant un ordinateur.

- Monsieur Arnout, nous ne vous reprochons rien, mais ces questions sont importantes.
- Ok. Mais comprenez-moi, on a cambriolé ma chambre d’hôtel et enlevé ma femme… et j’y… j’y comprends rien.
- Ne vous inquiétez pas. Vous êtes à Rome depuis une semaine c’est bien ça? Quand vous êtes-vous marié avec Madame Minelli? Où vous êtes-vous rencontrés?
- Dans un salon de prêt-à-porter à Bruxelles, elle y était représentante d’une marque italienne et moi je suis acheteur, voilà, coup de foudre immédiat, mariés six mois plus tard, à Rome depuis sept jours. Retrouvez-la, je vous en prie, ce qu’on m’a volé je m’en fous mais elle…

Le type assis au bureau décroche d’un geste brusque le téléphone qui venait de retentir, il parle dans un italien trop rapide pour moi. L’autre, toujours à ma gauche, s’approche et pose sa main sur mon épaule, pour me réconforter. Je me sens seul et désorienté. Il raccroche.

- Vous avez joué de malchance depuis votre arrivée, dites-moi! D’abord l’histoire du Coca-Cola, puis l’agression, l’accident de la route et enfin ce cambriolage, vous ne trouvez pas que ça fait beaucoup pour une lune de miel?
- Beaucoup trop si. Mais le hasard fait parfois mal les choses!
- Racontez-nous l’agression, s’il vous plaît.
- On se baladait, moi et Chiara, au hasard des petites rues du quartier après un bon petit restau. Pris par l’ambiance romantique, on s’arrête quelques secondes dans un petite rue encombrée de vespas, pour s’embrasser… quand, ouvrant les yeux par hasard, je vois dans le retro d’un des scooters, un énorme type armé d’une batte de base-ball foncer sur nous. Mes années de karaté m’ont aidé, j’ai réussi à le mettre presque K.-O. et on s’est enfui.
- Quelle chance Monsieur Arnout, quelle chance, vous auriez pu être mort à l’heure qu’il est!
- Mort ? non, non. Il voulait sûrement de l’argent, c’est tout.
- Détrompez-vous car on est en mesure de vous révéler la vérité!

Le type me fait signe de regarder par la porte ouverte, je me retourne et vois l’agresseur obèse menotté et flanqué de deux carabinieri, il est suivi d’une femme, elle ressemble à….

- Mais c’est Chiria! Où l’emmenez-vous? Mais elle est menottée!
- Nos équipes les ont interceptés de justesse à l’aéroport, ils avaient sur eux deux billets pour Canberra.
Ils avaient fini par renoncer à leur plan!
- Quel plan?
- Vous tuer mon cher, vous liquider! Mais vous êtes coriace et vous nous avez permis d’enfin mettre la main sur eux. Votre femme est une veuve noire, Monsieur Arnout, elle tue ses époux pour profiter des héritages et autres assurances vie, elle s’appelle en réalité Sophia Malti, une redoutable criminelle.

Je vois, pétrifié, celle de qui je croyais être aimé disparaître dans un couloir. Jamais plus je ne devais la revoir.

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Commentaires
P
Cela se lit bien et cela tient en haleine. <br /> Tu devrais te lancer dans l'écriture à suspens : apparemment tu en maîtrises déjà quelques bonnes ficelles. <br /> Bravo !
A
C'est le premier texte que j'ai lu sur ce site et j'ai été bluffé. Tout y est!
B
On se sent vraiment "pris" dans l'histoire et on aimerait bien lire ...la suite ! Qui sait ? peut-être pour une autre consigne !
S
tout un film, là aussi, et ça fonctionne...
B
c'est trés agréable à lire, bien écrit, j'aime beaucoup et ça change, l'idée est originale !
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